Pourquoi faire son savon à froid ?
Fabriquer son propre savon à froid, ce n’est pas juste une tendance green ou un caprice de blogueuse beauté. C’est une vraie démarche consciente, naturelle et ultra bénéfique pour notre peau. Contrairement aux savons industriels souvent décapants et bourrés de tensioactifs irritants, le savon saponifié à froid (SAF pour les intimes) est riche en glycérine végétale et en huiles précieuses non chauffées, préservant ainsi toutes leurs propriétés nourrissantes.
Et puis, soyons honnêtes : quand on connaît ce qu’on met exactement sur sa peau, c’est quand même beaucoup plus rassurant. Pas d’huile de palme douteuse, pas de parfum synthétique, pas de colorant agressif. Juste des ingrédients bruts, simples et bons – pour la santé, pour la planète, et pour le plaisir de créer.
Oui, ça demande un peu de préparation. Oui, il y a de la soude, donc quelques précautions à prendre. Mais comme je le dis souvent : si tu sais faire un gâteau, tu peux faire un savon !
La saponification à froid : comment ça marche ?
La saponification à froid est une réaction chimique entre un corps gras (généralement un mélange d’huiles végétales) et une base forte (ici, de la soude caustique). Cette réaction produit… du savon et de la glycérine naturelle. Surtout, comme on ne chauffe pas les corps gras, les vertus des huiles sont conservées. Résultat : un savon surgras, doux, hydratant, qui lave sans agresser.
Il faut laisser reposer le savon au minimum 4 semaines (on appelle ça la « cure »), le temps que la soude disparaisse totalement et que le savon durcisse. Patience, mais ça en vaut la peine !
Les ingrédients de base à connaître
Que tu sois novice ou déjà adepte des recettes DIY, voici l’indispensable trousse à savon :
- Huiles végétales : olive, coco, tournesol, colza, ricin… Chaque huile apporte ses propriétés. L’huile d’olive hydrate et adoucit, le coco donne de la mousse et durcit le savon, le ricin booste la mousse et nourrit la peau.
- Soude caustique (NaOH) : à manipuler avec précaution, évidemment. Elle ne reste pas dans le produit final si le dosage est correct.
- Eau : pour dissoudre la soude. Certains utilisent des infusions (camomille, lavande…) ou du lait végétal pour sophistiquer la recette.
- Huiles essentielles (facultatives) : tea tree, lavande, orange douce… Si tu veux parfumer naturellement ton savon et ajouter un petit coup de pouce thérapeutique (attention aux dosages et aux contre-indications).
- Additifs naturels : argile verte pour un savon purifiant, charbon végétal pour détoxifier, miel pour adoucir, flocons d’avoine pour exfolier tout en douceur…
Petit conseil de Julie : pour tester sans risque, commence avec une recette toute simple, par exemple olive – coco – ricin. Tu pourras ensuite t’amuser à varier proportions et ajouts selon tes goûts et ton type de peau.
Matériel nécessaire
Pas besoin de te ruiner en équipement. Un peu comme en cuisine, il suffit d’avoir les bons ustensiles, bien distincts de tes accessoires alimentaires :
- Un récipient résistant à la chaleur pour diluer la soude (inox ou plastique dur, évite l’aluminium et le verre fragile).
- Un autre récipient pour faire fondre et mélanger les huiles.
- Un mixeur plongeant (celui qu’on utilise pour les soupes fonctionne très bien).
- Une balance de précision (la chimie est une science exacte, pas d’approximation ici…).
- Un moule (en silicone ou en bois recouvert de papier sulfurisé, voire des moules à muffins pour les formats individuels).
- Des gants, lunettes de protection et un masque pour la préparation de la soude (mieux vaut prévenir, vraiment).
- Un thermomètre de cuisine (pour vérifier que les huiles et la soude sont à température équivalente avant de mélanger).
Recette simple de savon maison pour débutant(e)s
Voici une de mes recettes fétiches, testée, approuvée, et parfaite pour démarrer :
- 300 g d’huile d’olive (douce et hydratante)
- 200 g d’huile de coco (durcissante et moussante)
- 100 g d’huile de ricin (pour une belle mousse)
- 67 g de soude caustique (NaOH) – calculé pour un surgraissage à 8%
- 170 g d’eau
- Option : 10 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie
Étapes :
- Prépare ta solution de soude en versant doucement les billes de soude dans l’eau (jamais l’inverse !). Attention, ça chauffe fort. Mets-toi au calme, aère bien, et porte ton équipement de protection.
- Fais fondre les huiles solides (huile de coco) puis ajoute les liquides.
- Laisse les deux phases (soude et huiles) refroidir autour de 35-40°C.
- Mélange-les en versant doucement la soude dans les huiles.
- Mixe au plongeur jusqu’à obtenir une texture de crème anglaise (on appelle ça la trace).
- Ajoute les huiles essentielles ou ingrédients additionnels, selon ton envie.
- Verse la pâte dans ton moule, couvre d’un torchon et laisse reposer 48h à température ambiante.
- Démoule, découpe si besoin et laisse sécher à l’air libre pendant au moins 4 semaines.
Laisse le savon s’affiner doucement : plus il sèche, plus il durcit et dure longtemps à l’usage.
Quelques erreurs fréquentes (et comment les éviter)
- Mal mesurer la soude : toujours utiliser un calculateur fiable de saponification, comme SoapCalc ou Mendrulandia. N’improvise pas !
- Mélanger trop chaud : si la soude et les huiles sont à des températures très différentes, la trace ne prendra pas correctement.
- Confondre bicarbonate et soude caustique : non, le bicarbonate ne transforme pas les huiles en savon. C’est gentil, mais ce n’est pas du tout la même réaction chimique.
- Ajouter trop d’huiles essentielles : leur sécurité dépend des dosages. Trop, ce n’est pas agréable (ni toujours tolérable pour la peau).
Où se procurer ses ingrédients en Belgique ?
Bonne nouvelle : on a plusieurs pépites locales ici en Belgique pour s’approvisionner en matières premières naturelles. Quelques adresses testées et validées :
- Bioflore (Ottignies) : huiles végétales et essentielles bio, soude, argiles, tout le nécessaire pour cosmétiques home-made.
- HerbaFlore : excellent choix d’ingrédients belges, avec un service client top.
- Slow Cosmétique Belgique : la communauté engagée pour une beauté plus propre, avec de nombreux artisans locaux référencés.
Côté matériel, tu peux aussi faire un tour dans les magasins de seconde main ou récupérer d’anciens contenants tant qu’ils sont compatibles et bien nettoyés.
Et ensuite ? Personnalise ta recette !
Une fois que tu as fait ton premier savon, ceci va probablement arriver : tu voudras recommencer. Et tester d’autres combinaisons. C’est addictif (dans le bon sens du terme). Tu pourras alors jouer avec :
- Les types d’huiles (colza, noisette, beurre de karité…)
- Les ajouts (argiles, herbes, charbon, grains exfoliants…)
- Les formes (coeurs, galets, barres… tout dépend du moule)
- Les techniques de marbrage pour un effet visuel wahou !
Et si tu veux aller vraiment plus loin, pourquoi ne pas suivre un atelier de saponification ? Il y en a de plus en plus en Belgique (et c’est l’occasion de rencontrer d’autres curieuses comme toi).
Un geste durable et vertueux
Faire son savon maison à froid, c’est une manière concrète de reprendre le contrôle sur sa routine beauté. C’est un savant mélange de chimie, de créativité et de bienveillance – pour soi et pour la planète.
Et puis, offrir un savon que tu as fabriqué toi-même, c’est à la fois utile, personnalisé et plein d’amour. Un petit plaisir simple, mais qui fait une vraie différence.
Alors, tu attends quoi pour tenter l’aventure ? 💛
